Texte lu pendant la cérémonie religieuse de papa
Cher papy, cher papa, moins d’une semaine après le départ de Monique, ton épouse, nous nous retrouvons pour te dire au revoir. Nous comprenons très bien votre envie et désir de vous retrouver vite, mais cela ne nous simplifie pas la vie et nous soumet à rude épreuve !
Nous garderons de toi énormément de souvenirs. Tu es pour nous un homme courageux, fidèle à ton épouse, ta famille, vivant et mettant en œuvre tes convictions et notamment au service des autres. Exigeant pour toi, mais aussi pour ta famille, tu faisais preuve d’un tempérament certain et de dignité. Tu as aussi toujours aimé le travail et les différents métiers que tu as exercé. Il faut y ajouter un goût certain pour la découverte d’autre pays, d’autres hommes et femmes. Enfin tu étais fier de ce que tu avais construit avec ton épouse, votre famille, votre maison.
Tu as clairement été un modèle pour nous.
Issu d’une très grande et belle famille, tu as rapidement cherché un métier et c’est dans la boulangerie que tu as réalisé un apprentissage à Yutz. Très vite, tu connaissais toute les côtes depuis Luttange que tu affrontais sur ton vélo, pas toujours facile après une longue journée de travail ! Devenu compagnon boulanger, nous avons toujours bénéficié de ton savoir-faire et la réputation de tes brioches, beignets, bûches, gâteaux d’anniversaires dépasse largement le cadre familial. Tu as travaillé chez plusieurs boulangers, avant que les péripéties de la guerre ne te conduisent à séjourner en Algérie. Tu y as exercé ton métier chez des cousins propriétaires d’une boulangerie à Alger. C’est probablement une des plus belles périodes de ta vie dont tu nous parlais souvent, et tu y serai probablement resté si une jolie fiancée prénommée Monique ne t’attendait. Tu as pris le grade de cuistot lors d’une nouvelle mobilisation avec des séjours en Algérie et au Maroc. Tu en es revenu avec un goût prononcé pour les plats pimentés et la cuisine dont nous avons profité. Nous n’oublierons jamais tes escargots américains, délicieuse préparation que tu avais inventé pour nous faire manger des tripes !
Devenu le boulanger de Luttange avec mamy qui tenait l’épicerie, vos premiers enfants sont arrivés. Après quelques années, devant les contraintes de ce métier et commerce difficilement compatibles avec les exigences d’une vie de famille, tu fais le choix de te reconvertir pour rentrer dans la grande famille de la sidérurgie que tu ne quitteras plus. Métier rude, beaucoup l’on connut dans nos villages. Tu as travaillé dans les forges et notamment aux marteaux pilons. Il est difficile de s’imaginer les conditions de travail éprouvantes et dangereuses tant que l’on n’a pas vu ces engins fonctionner. Pourtant tu aimais ce travail et en étais fier.
La vie ne ta pas épargnée, et tu as combattu un cancer du poumon avant tes 40 ans. Tu y as fait face avec un courage et une détermination sans faille qui ont permis une guérison complète. Tout cela sans que tes enfants mesurent la gravité de la maladie et que tu ne laisses transparaitre l’importance du combat exigeant que tu menais. Après cela, tu as pris de nouvelles fonctions moins exposées, notamment en tant que magasinier.
Nous voudrions témoigner ici, de ton souci permanent d’agir et vivre en harmonie avec tes convictions, humanistes et ta foi chrétienne. Celle-ci était fondée sur l’éduction que tu avais reçue bien-sûr, mais surtout sur ton adhésion aux principes énoncés dans les évangiles, l’amour du prochain en particulier que tu as tenu à nous faire partager. Cela t’a conduit tout au long de ta vie à prendre des responsabilités et engagements dans de nombreux domaines.
Le syndicat d’abord avec un long et fort engagement ainsi que dans le comité d’entreprise qui t’a conduit entre autres à piloter le centre de loisirs autour de l’étang de Volstroff. Tu as œuvré dans l’association sportive du village, l’USL, pendant plus de 20 ans , en tant que trésorier puis de président de la section multisports. On a tous de beaux souvenirs des tournois de handball organisés en plein air et à la belle saison, où tu répondais toujours présent notamment derrière les barbecues. Tu as également participé activement et avec bonheur aux chorales de Luttange, puis celle de Chant Heurlin. On ne peut passer sous silence ce beau voyage et ces belles rencontres lors du voyage en Russie organisé par Chant Heurlin dont tu nous a tant parlé. Ta médaille d’or de donneur de sang, ta longue participation au conseil de fabrique sont d’autres illustrations de ton engagement.
Evidemment, ta vie professionnelle, tes engagements, la maison que tu as construite, ne te laissais plus beaucoup de temps à la maison et derrière maman assurait pleinement son rôle de mère de famille. Il serai exagéré de dire que cela a toujours été serein… et là ou cela se gâtait un peu, c’est quand tu avais l’estomac vide. Un talon d’Achille que tes sœurs connaissaient bien aussi !
Pour autant votre amour n’a jamais faiblit. On a fêté avec vous le 1er septembre 2019 vos 60 ans de mariage, célébrant une très belle histoire. Avare en mots lorsqu’il s’agissait d’exprimer tes sentiments, ton amour se manifestait par des signes discrets, les beaux cadeaux que tu faisais à la naissance de tes enfants, par exemple. Après ton isolement à l’hôpital de Bel Air, tes premières paroles ont été prononcées pour demander des nouvelles de maman.
Bien-sûr, nous voulons évoquer les années bonheur qui coïncident avec une belle et longue retraite, plus de 35 ans ! Tout en maintenant nombre de tes engagements, tu as pu t’adonner à tes passions et plaisirs, t’occuper de ta fille en lui préparant ses petits déjeuners tous les matins, élever des animaux, lapins poules, moutons entre autres pour le plus grand bonheur des petits enfants, t’occuper de ton jardin qui était devenu ton quartier général et un lieu de haute expérimentation. Tu y a même découvert les vertus thérapeutiques du jardinage en les expérimentant sur nous ; rien de tel que l’exercice en plein air tôt le dimanche matin, en bêchant par exemple ou en mondant les lapins, pour dissiper les vapeurs de la soirée de la veille !
Ces dernières années ont été plus difficile avec l’apparition de handicaps qui te limitaient dans tes déplacements, l’arrivée de douleurs, la dépendance sans parler de ces dernières semaines en partie coupés de ta famille. Pour autant, par dignité et ta préoccupation de ne pas créer de soucis à tes proches, jamais tu ne t’es plaint et quand nous te demandions comment tu allais, tu répondais invariablement « ça va » avec un beau sourire. On a bien-sûr une grosse pensée pour maman, qui a tout fait pour te garder auprès d’elle jusqu’au bout.
C’est difficile de te voir partir avec maman, aussi vite, mais nous nous réconfortons dans votre conviction inébranlable que vous vous retrouvez tous les deux dans une nouvelle vie.
Papa, papy, tu n’as jamais été un grand démonstratif sans que pour autant nous doutions de ton amour. Par contre nous tenons à te le dire haut et fort que nous t’aimons et sommes très fiers de toi.
Au revoir cher papy, cher papa nous vous embrassons très très fort maman et toi